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PLUSIEURS GRANDES BANQUES CESSENT DE PRENDRE LES DOSSIERS DE CRÉDIT APPORTÉS PAR LES COURTIERS

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PLUSIEURS GRANDES BANQUES CESSENT DE PRENDRE LES DOSSIERS DE CRÉDIT APPORTÉS PAR LES COURTIERS
15 juin 2022 Dans la categorie: Emprunt

Les marges des banques sont devenues trop étroites entre les taux qui grimpent en flèche et le taux d'usure défini par la Banque de France qui ne suit pas. Elles préfèrent donc économiser sur la commission des courtiers.

Après avoir alerté depuis des mois sur les problèmes liés à la faiblesse des taux d'usure établis par la Banque de France, les courtiers en font désormais les frais. Plusieurs grands groupes bancaires ont décidé tout simplement de se passer de leurs services. C'est le cas de Société générale et de Crédit du Nord (qui appartiennent au même groupe), ainsi que de plusieurs caisses régionales de Crédit Agricole, comme le dévoilait le journal Les Echos lundi soir. D'autres établissements bancaires pourraient leur emboîter le pas dans les semaines à venir.

La production de nouveaux crédits n'est pas arrêtée mais, concrètement, plus aucun des dossiers déposés par les courtiers n'est retenu pour l'instant. Autrement dit, ces banques ont décidé de ne prendre que des clients en direct. Une décision temporaire, certes, mais qui fait office de séisme dans le milieu du crédit. En cause: un taux d'usure qui n'évolue pas assez vite, tandis que les taux des crédits immobiliers, eux, ne cessent d'augmenter, sous la pression des changements de politique monétaire des grandes banques centrales.

Une méthode de calcul obsolète

Destiné à protéger les particuliers de conditions d'emprunt abusives, le taux d'usure, fixé chaque trimestre par la Banque de France, est relativement peu connu du grand public. Concrètement, aucune banque ne peut, tous frais compris, prêter à un taux supérieur à ce seuil calculé à partir des taux moyens accordés durant le dernier trimestre, augmentés de 30%. Actuellement, il est fixé à seulement 2,40% pour les prêts immobiliers à taux fixe d'une durée égale ou supérieure à 20 ans. Sa prochaine mise à jour interviendra le 1er juillet.

Le problème, c'est que ce taux d'usure est calculé à partir des crédits signés entre janvier et mars. Mais depuis, les taux d'intérêt ont progressé très rapidement. "Les taux moyens sont en augmentation à 1,35% sur 15 ans, 1,55% sur 20 ans et 1,75% sur 25 ans, mais de plus en plus de banques affichent désormais des taux supérieurs à 2% sur 20 ans, des taux qui n’étaient plus affichés depuis 2017", précisait début juin le courtier Vousfinancer. Quand on rajoute les frais (et notamment l'assurance-emprunteur et la commission des courtiers), nombre de dossiers passent donc de justesse en ce moment.

"Société Générale n’a pas arrêté la production de crédit immobilier pour ses clients et prospects dont les dossiers sont étudiés comme à l’habitude au cas par cas. Néanmoins, compte-tenu des modalités de calcul et de définition du taux d’usure qui ne reflètent pas la brusque et rapide remontée des taux observée depuis début 2022, la banque a décidé d’arrêter temporairement le recours aux prescripteurs (courtiers, agences immobilières locales, etc.) dont la part dans la production de crédit immobilier n’est pas significative", nous précise Société Générale.

Bien conscient du problème, le gouvernement avait récemment ouvert la voie à une révision du calcul du taux d'usure mais sans détails précis. Les grandes banques auraient-elles décidé d'accélérer le processus de décision de l'exécutif? Et ce, au moment même où la possibilité de changer d'assurance-emprunteur à tout moment (depuis le 1er juin pour les nouveaux contrats) risque de rogner les confortables marges que générait leur position dominante en la matière.

https://twitter.com/jl_delloroJean-Louis Dell'OroRédacteur en chef adjoint BFM Éco